
Tu n’es pas moi.
A chaque nouveau pas, je sens l’angoisse monter. Je pose sur toi toutes les peurs que j’ai pu avoir enfant et chaque chose m’inquiète. Mais tu n’es pas moi.
Les mots blessants « dits pour rire » me blessent pour toi. Parfois tu réponds et j’aime ça, continue de montrer que tu es toi. Moi qui me suis cachée derrière tous ces mots posés sur moi, j’essaie de t’apprendre les nuances. Tu n’es pas méchante non, tu as peut être fait ou dit quelque chose qui blesse. De la même façon, tu n’es pas une cochonne : tu t’es salie peut être, eh bien on va se nettoyer et on lavera les habits. Et si tu t’es bien amusée ou si tu as bien mangé, tant mieux !
Mes peurs, pas les tiennes.
La rentrée a été une épreuve pour moi. Ma toute petite, tu n’avais que 2 ans et demi. J’ai eu si peur qu’on t’embête ou te brusque, qu’on te dise que tu es méchante ou nulle. C’est bête, hein ? Je me suis même demandée si je n’aurai pas mieux fait de t’inscrire l’année suivante. Mais tu demandais, tu voulais y aller comme tes tontons et tes copines de la résidence. Et tu as adoré l’école dès le début. Ta maîtresse et ton ATSEM sont adorables et prennent le temps de me rassurer, elles doivent le voir que je m’inquiète parfois. J’ai été tellement impressionnée par le classeur que tu as ramené aux vacances de Noël. Tu fais vraiment beaucoup de choses à l’école, toi que je vois encore si petite.
Puis tu as eu trois ans et je vais bientôt retravailler. Alors nous avons tenté les « journées complètes » : matinée – cantine – après midi avec la sieste sans sucette. Nouvelle angoisse… Je t’ai retrouvée souriante le soir, je t’ai pris dans mes bras pendant longtemps. Déjà tu m’avais manquée, terriblement. Et puis tu m’as mis une gifle symbolique : tu es grande. Tu me demandes depuis à rester avec tes copains la journée, tu as cette démarche déterminée pour aller à l’école… Et je me surprends à rire de mes angoisses infondées.
Tu n’es pas moi.
Alors à la maison, tu adores faire le bébé quand je m’occupe de ta sœur mais tu aimes tout autant faire la grande et faire par toi-même. J’aimerai être une petite souris pour voir tout ce que tu fais seule à l’école. J’aimerai te voir jouer avec tes copains dans cette immense cour de récréation. Je t’ai vue il y a quelques jours dehors, tu écoutais la maîtresse sans trop bouger. J’ai eu le cœur serrée de te voir dans ton coin. Et puis j’ai effacé l’enfant que j’étais de ma tête et je t’ai regardée toi : tu n’étais pas à l’écart. Tu écoutes et tu observes avant de faire. Tu as toujours été comme ça, tu prends ton temps mais tu fais quand tu as bien tout intégré.
Ma grande, tu es tellement impressionnante à mes yeux. Tu as cette confiance que je n’ai n’avais pas. Tu n’es pas moi. Chaque jour, tu balayes mes peurs et mes angoisses. Tu n’es pas une mini-moi, tu es toi. Il est grand temps que je réalise que tu es différente, que je ne dois pas poser mes peur sur toi. Je te promets de travailler sur moi, de t’aider à grandir loin de mes cicatrices d’enfant.


6 commentaires
Le Rire des Anges
Il est très touchant ce texte et bravo à toi de prendre du recule. Ça n’est pas toujours évident!
Famille Plume
merci. En effet, ce n’est pas toujours de prendre conscience de notre façon de raisonner… Mais ça fait du bien parfois de remettre les choses à leur place. bises.
mamansurlefil
Il est très touchant ton texte… J’avoue que les enfants nous étonnent souvent, et nous remettent dans le droit chemin. Un bel hymne à ta fille en tout cas. Tu as raison, fais lui confiance, tout simplement !
Virginie
Famille Plume
Merci. ♥
Anne
Tu connais le texte de Khalil Gibran qui parle de la même chose? Je l’ai trouvé très beau
Famille Plume
Ah non pas du tout ! Mais je vais chercher ça 😉